Si pour beaucoup, trouver une location est une démarche qui tient bien souvent du chemin de croix, les candidats sont-ils tous logés à la même enseigne ? Telle est la question à laquelle 60 millions de consommateurs entend aujourd'hui répondre. En dévoilant les résultats d'un "testing", l'association livre un constat accablant : en matière d'immobilier aussi la discrimination est bel et bien une réalité.
Sommes-nous tous égaux en ce qui concerne la quête d'un logement ? Si l'on aimerait répondre par l'affirmative, force est de constater que, face à des candidats locataires aux profils divers et variés, les agents immobiliers ne jouent pas toujours leur rôle de la même façon. En matière de location, les pratiques discriminatoires sont-elles courantes ? Pour en avoir le coeur net, l'association 60 millions de consommateurs s'est livrée à un "testing" dont les modalités ont été élaborées en collaboration avec Dominique Baudis, le Défenseur des Droits. Répondant à quelques 150 annonces de location et affichant chacun un profil bien distinct (mais disposant de revenus et d'une situation professionnelle comparables), les six "candidats fantômes" ont donc recueilli des résultats pour le moins édifiants.
Si Anne, assistante de direction de 28 ans, n'aura éprouvé aucune difficulté pour décrocher la quasi totalité des logements convoités, il n'en est pas allé de même pour Babacar (commercial de 31 ans), Christelle (mère célibataire), du candidat de 71 ans ou encore du jeune sous curatelle.
Entre interrogations insistantes sur leur niveau de ressources et multiplication des justificatifs demandés, les locataires fantômes aux profils les moins "prisés" n'ont donc pas goûté aux facilités et à l'accueil sympathique reçu par Anne, la "candidate de référence". Dans le détail, près d'un tiers des sollicitations émises par Babacar et Christelle sont restées lettre morte dès la première prise de contact. Guère mieux lotis, le locataire âgé et celui sous curatelle ont pour leur part enregistré des refus dans respectivement 24 et 29% des cas.
Sans jeter l'opprobre sur l'ensemble des agents immobiliers, Lionel Maugain, en charge de l'enquête, explique qu'il s'agissait avant tout de "montrer qu'il n'existe pas uniquement des discriminations liées aux origines. L'âge, la situation familiale et le handicap constituent trop souvent des freins pour obtenir un logement, et ce tandis que le marché locatif est déjà particulièrement tendu".