Alors que le marché de l’immobilier marque le pas, le secteur du luxe ne connait pas la crise. Les villas haut de gamme se négocient plus que jamais à des tarifs vertigineux et certaines régions de France voient les prix atteindre des sommets. 45 000 euros… sur le rocher monégasque, 34 000 euros… à Courchevel, ce sont à ces tarifs que se négocie le mètre carré dans les zones les plus prisées du monde. Et au vu des records de ventes réalisés l’année dernière, non seulement le marché de l’immobilier de prestige n’a pas été émoussé par la crise mais il montre même une progression insolente. Pourquoi les plus fortunés continuent-ils à investir dans la pierre ? Comment expliquer que ce secteur ait été jusque-là épargné ? Quel avenir peut-on lui prédire ? Pierrick Jourdin, entrepreneur dans l’immobilier depuis 20 ans, nous apporte son éclairage sur ces questions.
La bonne santé de ce secteur s’explique d’abord par le fait que ces biens d’exception sont rares sur le marché. Et plus le produit est rare, plus il est cher et plus il entraîne une concurrence entre les acheteurs. En conséquence, s’offrir un bien recherché procure une certaine satisfaction à l’acquéreur, surtout en période de crise. L’investissement dans la pierre est encore plus qu’avant une valeur refuge à condition que le bien soit d‘excellente qualité. Certains étrangers, très riches, originaires de pays qui souffrent d’un contexte économique en berne (Portugal, Espagne…) achètent en France. Pourquoi ? Parce que notre pays reste un des seuls états européens où l’immobilier demeure stable. Pour les plus fortunés, et avec la crise de la zone euro, l’immobilier de luxe est devenu un investissement alternatif.
Les trois. La pierre est palpable ! Pour les plus aisés, c’est un achat à la fois plaisir et sûr. Sûr, à juste titre puisque statistiquement, sur du long terme, l’immobilier a toujours augmenté. La seule contrainte : en période de crise, c’est comme en bourse, il ne faut pas avoir besoin de vendre. Par ailleurs, bon nombre d’investisseurs achètent avec un objectif en tête : la retraite. Ces acquéreurs, qui sont déçus par la bourse et ne se sentent pas en sécurité avec les produits bancaires, reviennent à la pierre.
D’abord Londres est la ville où le prix du mètre carré est le plus onéreux au monde, et ce malgré une crise immobilière importante survenue entre 2008 et 2010. De manière logique, la sortie de crise fait monter les prix. Au contraire, à Paris, les tarifs n’ont jamais cessé de grimper entre 1997 et aujourd’hui. C’est le ralentissement du marché constaté actuellement qui entraine la baisse.
Les clients qui achètent ce type de biens sont rarement des primo-accédants, mais plutôt des propriétaires qui souhaitent vendre un logement de quatre pièces pour investir dans un cinq ou même un six pièces. De fait, ce sont ces propriétaires-là qui rencontrent le plus de difficultés pour vendre et donc, mécaniquement, pour acheter.
Oui, d’ailleurs beaucoup de propriétaires ont vendu ou cherché à vendre leur bien avant que la durée de l’exonération soit rallongée. Par ailleurs, il est évident que cette loi n’encourage pas à investir dans une résidence secondaire. Néanmoins, il ne faut pas oublier que s’il y a taxation c’est qu’il y a eu plus-value, et c’est déjà bien. En bourse, on ne se plaint pas de payer un impôt sur la plus-value lorsque l’on a gagné de l’argent ! A mon sens, ce sont surtout les incertitudes économiques qui freinent les potentiels acquéreurs.